En plus des applications pour la gestion du milieu, l’intérêt scientifique du réseau Magest réside principalement dans le besoin de poursuivre la mesure en continu des principaux paramètres physico-chimiques du milieu, dans le cadre des changements climatiques. De plus, les mesures de ce type sont très utiles pour caler des modèles de prédiction et d’analyse des processus, aussi bien sur l’hydrodynamique sédimentaire que sur la physico-chimie de l’estuaire.
Réchauffement des eaux
Les températures des eaux relevées dans le réseau témoignent de l’impact du changement climatique et confirment l’élévation progressive de la température moyenne des eaux estuariennes (2 à 3°C sur 30 ans). Précisons que pour le GIEC, en 2030 on aura 2°C de plus température de l'air en moyenne annuelle et +4°C en période estivale. En 2100, il est prévu 4°C de plus en moyenne annuelle et +10°C en période estivale.
Marinisation de l’estuaire
De même, les salinités mesurées témoignent d’une « marinisation » probable de l’estuaire, avec des enregistrements de salinité sensible à Bordeaux, de l’ordre de 2 à 5 % lors des étiages prononcés. Ces valeurs n’ont pas été relevées dans la littérature lors des décennies antérieures et indiquent donc une claire évolution de ce paramètre.
Evolution probable de l’oxygénation des eaux
Du fait des évolutions évoquées ci-dessus, il faut donc s’attendre à une remontée plus importante du bouchon vaseux et à une augmentation de la turbidité liée à une section fluviale plus étroite en amont. De plus, le temps de résidence des masses d’eau va augmenter, notamment autour de Bordeaux, ce qui risque de réduire les teneurs en oxygène suite à l’accumulation des émissions d’effluents riches en matières organiques dégradables. L’intégration de ces informations et hypothèses dans le modèle ETMOM permet de simuler les évolutions futures de la teneur en oxygène sur Bordeaux et ses environs.
Les différents scénarii d’évolution future de l’oxygénation des eaux au sein du bouchon vaseux dans les parties fluviales de l’estuaire tendent à montrer que, si les tendances et les politiques de gestion actuelles persistent, les phénomènes de sous-oxygénation risquent de s’aggraver. Les conditions de vie des poissons, notamment migrateurs, pourraient alors se dégrader fortement dans le futur.